Description
Ce projet est à l’initiative de l’aumônerie catholique qui intervient à la Maison d’Arrêt de Lyon-Corbas. Il convient donc d’abord de préciser l’esprit dans lequel ce projet est mené. Bien que le chemin emprunté soit celui qui mène à St Jacques de Compostelle, il ne s’agit pas de réaliser un pèlerinage. Cette voie a été choisie pour plusieurs raisons :
- Aisément praticable, elle n’exige pas que les participants soient de grands sportifs
- C’est une des principales routes de l’histoire européenne, et elle permet la découverte de chefs d’œuvre culturels (dont le portail roman de l’abbaye de Conques, terme du voyage)
- Elle permet une immersion dans la nature de personnes qui en sont privées depuis longtemps. Ce contact favorise une ressaisie de soi-même.
- C’est un itinéraire touristique aujourd’hui largement fréquenté. Il en résulte une certaine valorisation (mettre ses pas dans ceux de tout le monde ; raconter ensuite aux familles un évènement que celles-ci pourront se représenter plus aisément que la vie carcérale)
- De tout temps, elle a été considérée par les hommes, qu’ils soient croyants ou non croyants, comme ayant à voir avec la question de la peine et de la justice. Elle est la matérialisation d’un sens donné à la peine
- Il s’agit de la première portion d’un des chemins de St Jacques. Le reste de la route pourrait un jour être effectué par leurs propres moyens avec leurs proches par les personnes anciennement détenues.
- D’autres équipe ont déjà expérimenté dans d’autres lieu de détention les potentialités qu’elle offre à un public de personnes détenues (CP de Saint-Quentin Fallavier…).
La dimension chrétienne n’apparaît pas ici comme manifestation cultuelle, mais comme l’intuition que l’expérience d’une vie commune conviviale et solidaire, y compris dans l’effort, est de nature à éclairer tout homme quant à la juste manière de se rapporter aux autres, pendant ce type d’expérience, et au-delà.
Il s’agit d’offrir aux personnes détenues l’occasion de découvrir ou de retrouver des aptitudes inhibées par la vie carcérale et pourtant nécessaires pour tirer au mieux profit de celle-ci et préparer un projet de sortie.
L’accent sera donc mis sur le vivre ensemble. La simplicité du dispositif vise à susciter l’entraide et une attention sera portée à ce que chacun se sente investi de la responsabilité de l’ensemble du groupe (quant à la fatigue de l’un ou de l’autre, quant à la préparation des repas etc).
La simplicité se traduit également par le choix d’une activité qui s’inscrit dans la durée. La marche quotidienne pendant plusieurs heures favorise une démarche d’intériorisation, capacité difficile à développer en détention compte tenu d’une certaine promiscuité et de l’absence de silence qui l’accompagne. Elle permet aussi une certaine gratuité et authenticité dans les échanges. La taille du groupe et la simplicité de l’activité favorisent le dialogue.
La composition exacte de l’équipe d’accompagnement reste à déterminer. Les candidats à la permission de sortie n’ont pas non plus été sélectionnés, cependant les traits principaux du groupe peuvent être dessinés.
Quant aux personnes détenues : le projet a été pensé à destination des personnes qui ont habituellement moins accès aux activités proposées à l’établissement, notamment en raison de la mise à l’écart des auteurs d’infraction à caractère sexuel par l’ensemble des autres détenus. Il ne s’agit pas de réserver ce projet aux auteurs de telles infractions, mais de leur assurer une place si certains sont candidats, et de tenir compte, dans le recrutement, des difficultés relationnelles habituellement rencontrées par ces condamnés vis-à-vis des autres.
De même, la participation active antérieure aux activités de l’aumônerie ne doit pas être un critère exclusif de sélection. L’existence de contact avec l’aumônier semble cependant souhaitable. En concertation avec les personnels de l’établissement, il conviendra de prendre en compte les éventuelles inquiétudes ou inimitiés qui pourraient exister entre les uns et les autres. D’autre part, la préparation du projet se fera entre autres au cours de réunions d’aumônerie.
Le nombre idéal de participants nous semble de 5 ou 6 avec un ratio de un accompagnateur par personne détenue. Le grand nombre rend plus difficile l’affranchissement des habitudes carcérales, notamment quant aux sujets de conversation qui tournent alors autour de la prison, et quant à l’adoption par chacun d’une posture défensive qui interdit toute authenticité dans les échanges. Inversement, un nombre trop faible prive le projet de sa dynamique communautaire et le réduit à une promenade touristique.
Quant aux accompagnants, il s’agit de mêler des personnes qui connaissent les personnes détenues ou la détention et d’autres qui sont complètement extérieures. Une diversité des âges permettra de varier les approches et les discussions. La présence d’un membre de l’association des amis de St Jacques qui connaît très bien cette portion du chemin permet d’éviter de recourir à des guides extérieurs et facilite l’appropriation du parcours par les personnes détenues. Le projet est ouvert à des personnels des différents services (détention, SPIP, UCSA/SMPR), offrant la possibilité de poser un regard neuf sur les personnes détenues, et d’être perçu autrement par elles.
L’intérêt de ce projet est de mobiliser les participants et d’éviter autant que faire se peut de les placer en position de « consommateurs ». Aussi une attention particulière sera portée à la préparation en amont.
- L’Education nationale pourrait être associée à cette préparation, notamment dans le cadre de présentations et de recherches d’informations sur les lieux culturels traversés ainsi que sur la faune et la flore.
- Ce peut être également l’occasion d’un lien avec le service médical pour aborder la question de l’alimentation.
- Une préparation sportive est également nécessaire pour (ré)habituer les candidats à un effort de ce type.
- Une première sortie d’une journée à proximité de l’établissement pourrait être une préparation utile et un bon test du groupe.
L’implication des personnes détenues dans la restitution du projet en aval sera également sollicitée :
- Possibilité de filmer et de prendre des photos qui donneraient lieu à un montage dans le cadre de l’atelier vidéo pour une diffusion sur le canal interne ?
- Récit de l’expérience dans le cadre du journal CORBACABANA
- Présentation au groupe de l’aumônerie
En bref, il s’agit de proposer à des personnes détenues souvent gagnées par une certaine apathie un séjour axé sur la simplicité, la convivialité et la découverte, afin de leur permettre de se ressaisir physiquement et psychologiquement pour trouver un nouvel élan ensuite dans l’exécution de leur peine. Marcher c’est forcément ouvrir un espace intérieur pour aller de l’avant. Le pari est que cette expérience décalée par rapport à la détention contribue à donner un sens à ce qu’il reste à vivre en détention et ouvre un avenir.
Describe your project goal
- Les fonds collectés serviront à financer l'hébergement en gîte et l'alimentation pendant les 12 jours de marche.
- Le coût global du projet s'élève à 6800 euros. Un financement partiel de 2000 euros a déjà été trouvé.Il reste donc 4800 euros à lever pour pouvoir partir